Les Catalans ont gagné le droit à une médiation internationale

J’étais à Barcelone hier : impressionnant et révoltant …

Impressionnantes ces longues files de citoyens espérant voter, stoïques sous la pluie, bravant les menaces d’un gouvernement madrilène en total déni de réalité,

Impressionnants ces Mossos en larmes et ces pompiers en uniforme rouge et casques d’or s’interposant pour éviter le déferlement de violences…

Révoltants ces policiers noirs, des bottes jusqu’au casque, noirs comme leurs matraques, s’abattant sur une foule pacifique, les mains en l’air criant « votarem! »,

Révoltant cette femme aux cheveux blancs maculés de sang, traînée par quatre policiers…

Impressionnante les réactions internationales d’hier (Dirigeants français exceptés…) et celle d’Ada Colau, maire de Barcelone, restée jusqu’à ce jour très modérée,

Révoltant Mariano Rajoy affirmant « il n’y a pas eu de Référendum » alors que deux millions de citoyens ont trouvé le chemin des urnes malgré les 10 000 policiers venus les en empêcher !

Et maintenant ?

D’un côté Mariano Rajoy a perdu la bataille du Référendum dont il a fait lui-même le test de son autorité ; il est aujourd’hui disqualifié pour engager le dialogue nécessaire, incontournable avec les dirigeants catalans,

De l’autre Carles Puigdemont peut certes être fier de la mobilisation populaire qui a revendiqué pacifiquement son droit à la démocratie pour choisir son destin mais il doit savoir que la communauté internationale ne peut donner une quelconque légitimité à une consultation où seulement 42% des citoyens ont pu s’exprimer, essentiellement les indépendantistes.

Quelle issue ? Quel chemin ?

Pour ma part je ne vois pas d’autre chemin que celui d’une médiation internationale que seule l’Europe peut définir : l’indépendance n’est pas la seule issue mais le statut quo est encore moins crédible.

Il n’est plus temps, il n’est plus admissible ni à Paris, ni à Berlin ni à Bruxelles de détourner le regard sur ce qui se passe au sud des Pyrénnées :

Ce qui s’est passé dimanche à Barcelone concerne tous les européens.

« N’ayez pas peur de vos rêves » disait Jacques Parizeau, premier ministre du Quebec qui organisa le Référendum de 1995 (perdu pour moins de 1% des votants) ; mon rêve est de voir un jour l’Europe exigeante sur la protection des droits civiques en Hongrie, en Pologne mais aussi en Espagne !