Tristesse et colère…

Tristesse de voir Perpignan être aujourd’hui le laboratoire du Rassemblement National…

Pour moi Perpignan méritait mieux : elle pouvait, elle devait devenir une ville attractive, rayonnante culturellement et économiquement exploitant sa position géographique exceptionnelle au cœur du triangle Barcelone-Toulouse-Montpellier, valorisant son histoire franco-hispano-catalane dans un espace transfrontalier dynamique de Gérone à Narbonne.

A l’heure des nouvelles technologies de l’information et du télétravail notre Cité pouvait prendre place dans le monde nouveau de l’économie de la connaissance qui fertilise et ouvre à la modernité l’industrie, le tourisme, les services et même l’agriculture.

Certes, on peut espérer que la nouvelle équipe soit plus performante en matière de sécurité mais c’est le replis et l’isolement qui demain vont freiner le développement économique et brider l’attractivité de notre territoire.

Perpignan n’est pas Béziers, son ambition ne doit pas se réduire à être une grande petite ville mais à devenir une petite grande ville !

Et le slogan de Louis Aliot, « Perpignan, l’avenir en grand » ne peut masquer la réalité qui attend Perpignan la Catalane : le champ de l’avenir se rétrécira. On peut même craindre que la cohésion sociale se disloque sous les coups de boutoir de certains islamophobes primaires de son équipe…

Tristesse mais aussi colère devant les erreurs répétées de la classe politique locale, de la Droite à la Gauche en passant par le Centre qui a conduit à la situation actuelle où Perpignan est une exception en France martelée par tous les média : seule grande ville conquise par le R.N. alors qu’une vague verte, l’écologie, s’est déployée sur toutes les autres !

J’ai ma part de responsabilité dans cette évolution des votes vers la Droite extrême : j’avais réussi à faire baisser le vote pour Louis Aliot à 10% en 2008 et 2009 mais au lendemain de ma réélection voulant me consacrer pleinement à la construction de la communauté d’Agglomération qui piétinait, j’ai démissionné de ma fonction de Maire. Ce fut trop brutal, mal expliqué et compris comme une tromperie de politicien : on avait voté Alduy et on avait Pujol ! Personne ne comprenait l’importance de l’enjeu d’une intercommunalité forte et c’est encore le cas aujourd’hui malheureusement…

De 2009 à 2014 j’ai assisté impuissant à la lente dégradation de la relation entre les citoyens et leur maire, entre la famille municipale et son chef. On connait le résultat Jean-Marc Pujol élu grâce au retrait de Jacques Cresta et à un front républicain très actif mais qui ne recevra pas le moindre remerciement le dimanche soir…

Personne n’a voulu tirer les leçons de 2014.

Pourtant il aurait fallu répondre à la question : comment Louis Aliot qui avait à peine dépassé 10% en 2009 a pu atteindre 45% cinq ans plus tard ?

Pour moi la réponse était simple : un maire très peu présent sur le terrain et des services municipaux démobilisés. Mais au lieu de saturer le terrain par sa présence et y déployer les services de proximité le maire a d’une part cumulé les responsabilités maire et Président d’une communauté urbaine de 300.000 habitants et de plus fait de la réduction des effectifs le mantra de la gestion municipale …

Résultat : le « dégagisme » s’est installé peu à peu et s’est renforcé avec quelques décisions mal venues comme la privatisation de la gestion du stationnement de surface en centre-ville jusqu’à faire oublier les réalisations positives comme le Musée Rigaud ou l’installation de l’Université aux portes de Saint Jacques.

Dans ce contexte, Jean- Marc Pujol ne devait pas se représenter pour prendre de la hauteur et réussir à rassembler la Droite et le Centre, mais il faut beaucoup de courage et de lucidité pour résister aux flagorneries et aux pressions des ami(e)s proches… Dés lors que Jean-Marc Pujol se représentait Louis Aliot n’était plus le chef de file d’une liste de la Droite extrême mais il devenait le vote utile pour le changement, « le vote utile pour dégager »…

Le résultat du premier tour n’a fait que confirmer ce rejet massif : 18% pour le maire sortant malgré une campagne clientéliste à coups de promesses tous azimuts.

J’ai cru un moment que des voix s’élèveraient pour que soit constituée une liste d’union rassemblant tout ou partie des 5 listes ayant dépassé le seuil de 5% pour pouvoir fusionner. La répartition pouvait se faire proportionnellement aux scores obtenus et c’était Agnès Langevine qui devait être en tête. Ainsi un vrai Front Républicain pouvait être mobilisé pour faire face au « Front National» rebaptisé R.N. et même effacé… J’ai cru la classe politique locale capable de courage et de lucidité…

Mais la Secrétaire départementale du P.S. s’est empressée de demander le « retrait républicain » derrière un maire sortant qui avait 4.500 voix de retard, entrainant à sa suite les deux têtes de liste encore en capacité d’être présentes au second tour.

Dès lors pour moi la messe était dite et je me suis tu.

Tristesse et colère…seule consolation : dans ces élections municipales une nouvelle génération de maires est née ; il s’appellent Steph, Jack, Edmond, Nicolas mais aussi Marie, Laurence, Maria etc.

Espérons qu’il y a là les germes d’un vrai renouveau de la classe politique locale, plus solidaire, plus ambitieuse.

Credit photo Made In Perpignan