Archives de catégorie : Actualité

ROCARD : Un honnête homme politique, le dernier ?

Michel ROCARD était le dernier survivant d’une époque où les convictions ne suivaient pas les sondages, où le fond était privilégié plutôt que la forme même si la complexité rendait le discours moins audible ; une époque où l’action politique avait des racines profondes y compris dans le terreau fécond des utopies où la démocratie reste l’apprentissage de l’humanisme, de la fraternité et de la laïcité.

De l’autogestion révolutionnaire à la social-démocratie généreuse et réaliste son chemin s’est toujours éloigné des sectarismes et des replis nationalistes peureux et xénophobes.

rocard 2Rigoureux dans ses analyses, courageux dans ses décisions, respectueux dans ses combats Michel ROCARD a toujours tenu une place à part dans le monde politico-médiatique qui depuis quelques décennies produit des hommes et des femmes politiques aux convictions à profil variable comme les sondages et myopes pour choisir des repères sur l’horizon ; leur démarche c’est le choc des mots et le poids du vide de leurs analyses !

Le populisme envahit ajourd’hui les esprits sur tout l’échiquier politique même si son verbe est plus fort sur l’extrême gauche et l’extrême droite.

Michel ROCARD l’européen exigeant et lucide, le social-démocrate généreux et réaliste, l’écologiste convaincu et altermondialiste, le visionnaire qui sait le temps long du changement et l’entêtement vertueux pour l’accomplir, Michel ROCARD que j’ai connu de près car nous avions des amis communs, restera pour moi un modèle et un regret : s’il avait eu la force de nous éviter le deuxième septennat de François MITTERAND et de son clan, je suis convaincu que la France aurait trouvé une autre trajectoire que celle du déclin économique, moral et politique dans laquelle elle a été engagée sans réussir jusqu’à présent à en sortir.

La disparition de Michel ROCARD jette une lumière crue et décapante sur nos leaders actuels : sa rigueur et sa grandeur d’âme les rendent petits et creux, velléitaires et le plus souvent insignifiants : le sens a déserté le verbe et l’action !

Pourtant plus que jamais la France a besoin de femmes et d’hommes ayant son intelligence du futur et son pragmatisme : ROCARD serait-il le dernier des honnêtes hommes politiques ?rocard 1

BREXIT : l’Europe et le Royaume-Uni disloqués ?

Les vieux démons britanniques, nostalgie de la grandeur perdue de l’empire victorien, sentiment de supériorité envers les peuples du continent, xénophobie anti immigrés, ont été réveillés par une campagne à l’emporte-pièce, aux mensonges massifs et aux slogans racistes ravageurs colportés par une presse propriété à 80% de Rupert Murdoch, anti européen primaire, magnat australien de la presse anglaise.

«  Le peuple a parlé » selon la formule consacrée et le résultat est là : le Royaume Uni sera demain un « pays tiers », ses sociétés de service et d’industries paieront l’intégralité des droits de douanes et ses banques perdront leurs passeports européens qui leur permettaient de s’installer et d’opérer partout dans l’Union Européenne ; Londres se retrouvera au mieux avec des accords d’association comme ceux signés avec la Suisse ou la Norvège. Et le plus tôt sera le mieux car l’incertitude et les atermoiements produisent les récessions économiques.

division RU Crédit AFP« Indépendance day, victory ! » exulte Boris Johnson, le leader de la campagne pour le « out » ; ne voit-il pas que Londres dont il était le maire il y a quelques mois, Londres capitale culturelle, première place financière mondiale, Londres riche de ses diversités, ouverte au monde, a voté clairement contre l’esprit de frontières et pour l’Europe puissance économique, politique et culturelle ? Ne voit-il pas que le Royaume Uni est au bord de l’implosion, divisé entre ses nations, entre jeunes et vieux, entre riches et pauvres ? Déjà des voix s’élèvent fortes et sans doute majoritaires pour demander la réunification de l’Irlande et l’indépendance de l’Ecosse…
La dislocation du Royaume Uni ?

« Victoire historique ! » crient à l’unisson Donald Trump, Vladimir Poutine et Marine Le Pen. Le premier voit dans ce résultat la fin de l’Europe qui redonnera aux USA et au dollar une suprématie incontestée ; le second voit dans l’affaiblissement de la puissance politique et militaire du voisin européen le champ libre pour annexer l’Ukraine et pourquoi pas les pays baltes et la Géorgie…

Et Marine Le Pen et ses sbires de demander des référendums en France, en Autriche, aux Pays Bas, au Danemark pour accélérer la destruction de l’héritage de nos pères construit au sortir de la barbarie nazie et face au Goulag stalinien. Faut-il rappeler que l’Europe des nations chère au FN a produit deux guerres effroyables en trente ans et que l’Europe unie, solidaire, a apporté la paix sur notre continent depuis soixante-dix ans ?

Le peuple britannique a choisi le BREXIT ; dont acte ; l’Angleterre n’a jamais adhéré au projet politique européen mais seulement à ses avantages économiques ; dont acte et demain on négociera des accords commerciaux et des alliances au coup par coup ; on rétablira des barrières douanières et les dévaluations compétitives…La livre a déjà dévissé de 15% …. Et d’autres pays devraient suivre l’exemple anglais veulent nous faire croire les nationalistes xénophobes de tous bords ?

C’est cela l’avenir pour la jeunesse? Une Europe et un Royaume Uni démantelés et la jungle économique ?

L’Europe des solidarités a perdu une bataille mais n’a pas perdu la guerre contre l’Europe des nations barricadées dans leurs frontières !

Mais qui saura être la voix de la résistance ?

Résister à l’orthodoxie financière qui détruit les forces productives : il faut relancer l’investissement industriel, de Recherche et d’équipement du territoire,

Résister à la technocratie et ses régulations aveugles qui unifient et ignorent la diversité des territoires et leurs identités : il faut lui opposer la démocratie et la citoyenneté européenne en donnant le pouvoir au Parlement et au Conseil de l’Europe,

Résister à l’esprit de frontières et ses peurs : il faut construire la sécurité européenne avec la création d’un FBI européen, d’une police des frontières et d’une force d’intervention,

Résister au populisme et à la démagogie : il faut réinventer le rêve européen pour la jeunesse généreuse ouverte au monde et à ses cultures.

Le BREXIT : un électrochoc salutaire pour relancer l’Europe des solidarités, celle qui protège et investit, celle qui peut et doit reconquérir le cœur des peuples.

Septimanie, Occitanie, même combat !

Le nom d’un territoire ne peut procéder que de deux logiques :

  • Soit la logique identitaire qui renvoie à l’Histoire qui a constitué le patrimoine culturel,
  • Soit la logique géographique qui positionne et informe sur le cadre de vie.

La logique identitaire a toujours les faveurs des habitants et aujourd’hui plus que jamais car la mondialisation des échanges, le métissage culturel et ethnique nourrissent les peurs, les replis et l’esprit de frontière : l’identité n’est plus une fierté à partager mais la légitimation de barrières protectrices de nos singularités…

Il n’était pas nécessaire d’être devin pour prévoir qu’ »Occitanie »arriverait largement en tête…

C’est parce que je pressentais ce résultat que j’ai proposé dès novembre dernier, mes amis catalanistes me l’ont reproché, que l’on se batte pour soutenir la logique géographique, afin d’échapper au piège tendu volontairement ou inconsciemment, par l’exécutif régional. « Pyrénées-Méditerranée » avait l’avantage d’être non seulement une appellation mondialement comprise mais encore d’être particulièrement cohérente avec les spécificités de notre territoire.Si l’exécutif régional faisait voter par l’Assemblée régionale le nom d’« Occitanie » la volonté d’effacer la singularité historique et culturelle du pays catalan ; cette stratégie jacobine d’assimilation-digestion nous l’avons déjà connue avec feu la Septimanie ; mais là c’est plus grave encore car Septimanie renvoyait à une période historique ancienne et floue.

Afficher à l’entrée du Perthus ou à Puigcerdá « vous entrez en Occitanie » relève de la provocation pour des millions de catalans !Septimanie

Englober notre territoire dans une appellation culturelle « Occitanie » constitue la négation de la singularité historique de notre territoire, c’est une attaque frontale pour effacer tout ce qui fait la fierté et l’attachement à une langue, une littérature, des us et coutumes et une architecture spécifique.

Nous sommes tous concernés, catalans de souche ou catalans d’adoption : il en va de la dynamique culturelle mais aussi économique de notre territoire.

La mobilisation contre « Occitanie » se doit d’être plus forte que celle qui a su faire échec à « Septimanie », car c’est le même combat et qu’aujourd’hui rien n’est encore décidé.

« Au nom de DAESCH »…

« Au nom de DAESCH » un jeune français assassine un couple de policiers : il cible une femme et un homme qui avaient pour mission la défense des libertés républicaines .

« Au nom de DAESCH » à Orlando, aux USA, 49 morts dans un club gay ; là, la cible est une communauté qui défend la tolérance et les mêmes droits pour tous.

« Au nom de DAESCH » la barbarie n’a pas de limites parce qu’elle se nourrit de la haine de toutes les libertés .

À Orlando ce n’est plus la liberté de faire ou de vivre sa religion qui est visée mais le but est plus effroyable encore : c’est la liberté d’être et d’être soi qu’il faut atteindre.

Comprenons que si DAESCH s’est empressé de revendiquer le massacre d’Orlando c’est parce qu’il perpétue les persécutions séculaires dont sont victimes les homosexuels.
Doit-on rappeler que dans les 7 États où la charia est appliquée les homosexuels sont condamnés à mort !
Mais n’oublions pas non plus que la barbarie homophobe a aussi des racines dans le monde judéo-chrétien : en France ce n’est que depuis 1982 que l’homosexualité n’est plus un délit …

Ces crimes effroyables commis au nom de DAESCH nous rappellent à l’exigence du combat contre toutes les discriminations, xénophobie, antisémitisme, islamophobie, homophobie, car toutes alimentent le fleuve de haine qui frappe aux digues toujours fragiles de nos libertés.

INVESTITURES RIMENT AVEC BRISURES …

Sarkozy place ses pions et investit pour les législatives de 2017 des valeurs sûres : un Député sortant, deux ex-Députés, une ex–multisuppléante ; moyenne d’âge en 2017 : 63 ans, de 60 à 72 ans ; on pourra ressortir les anciennes photos et les anciennes affiches …

Bonjour le renouveau de la classe politique locale !

Sarkozy place ses pions et puisque les sondages placent au plus haut Alain Juppé, 72 ans, il choisit d’évacuer les moins de soixante ans ! Logique, les français à l’inverse des autres européens aimeraient les vieux…

Le premier à faire les frais de cette stratégie est Romain Grau : au lendemain de son élection au Conseil départemental sous la bannière de l’UDI, il avait déserté cette formation dans l’espoir d’obtenir l’investiture « Les Républicains » (ex UMP). Il avait sacrifié ses amitiés centristes mais ses nouveaux amis ne l’ont pas récompensé pour cet acte courageux ; et voilà même que son nouveau sponsor, Jean Marc Pujol (après Henri Sicre, Jean Codognés, moi-même, François Calvet) n’a pas réussi à faire valoir que deux tiers des électeurs de cette circonscription sont perpignanais. Ironie de l’histoire si Romain Grau était resté UDI il avait de grandes chances d’obtenir cette investiture lors des négociations LR-UDI !

Petits arrangements dans les coulisses de LR pour des investitures virtuelles car elles seront inévitablement remises en cause soit après les primaires de la droite si Sarkozy est battu, soit lors des négociations qui s’ouvriront tous azimuts au soir du premier tour des présidentielles.

Petits arrangements mais vraies brisures qui laisseront des traces

  • Brisure entre les militants jamais consultés et les appareils des partis,
  • Brisure entre les générations (la gérontocratie semble se survivre mais jusqu’à quand ? On achève bien les chevaux…
  • Brisure enfin entre LR (ex UMP ) et l’UDI : la logique eut voulu entre partenaires qui se respectent qu’ils négocient en premier la répartition des circonscriptions avant de donner des investitures et lancer dans la bataille des femmes et des hommes qui risquent de devoir stopper brutalement leur course…

« Les armées sont dans la plaine…on ne connaissait plus les chefs ni le drapeau … » (Victor Hugo : la déroute napoléonienne…)

Mois après mois le spectacle donné par les partis politiques est désolant…

Et si les français renversaient la table ?

D’autres peuples dans des pays démocratiques l’ont fait récemment : les autrichiens ont renvoyé en quatrième et cinquième place les grands partis de gouvernement et ont fini par élire un humaniste écolo ; les grecs ont fait de même en choisissant Tsipras et le parti socialiste espagnol sera probablement relégué au second plan par PODEMOS le 26 juin prochain…

Les présidentielles de 2017 risquent d’être le grand chambardement et les investitures d’aujourd’hui ne seront que le dernier avatar d’un ordre ancien qui approche de sa fin…mais l’avenir est encore à inventer en France et singulièrement dans notre département.

On peut échapper à tout sauf à sa conscience !

Vous vous souvenez du petit Aylan, la face dans le sable d’une plage de Méditerranée ? La photo, projetée sur le grand écran de « Visa pour l’image » avait fait le tour du monde et secoué la mauvaise conscience de nos chefs d’Etats ; quelques mesures furent prises sous l’impulsion de Madame Merkel, la chancelière allemande née en Allemagne de l’Est d’où fuyaient au péril de leur vies des milliers de réfugiés pour échapper à la dictature stalinienne et la STASI de sinistre mémoire.

Le jeune Aylan Kurdi, 3 ans, originaire de Syrie, mort en tentant de rejoindre la Grèce depuis la Turquie. (AP Photo/DHA, File)
Le jeune Aylan Kurdi, 3 ans, originaire de Syrie, mort en tentant de rejoindre la Grèce depuis la Turquie. (AP Photo/DHA, File)

Aujourd’hui une nouvelle photo, publiée par Sea Watch, une ONG qui secourt les Boat People au large de la Lybie : un petit enfant mort, noyé, dans les bras de celui qui l’a repêché…Insoutenable…Elle circule sur les réseaux sociaux pour que nous n’oublions pas qu’ils sont centaines, qu’ils sont milliers les petits Aylans qui meurent à nos portes dans les eaux de notre Méditerranée…Des photos pour nous rappeler que nous, pays démocratiques, pays des droits de l’Homme, pays qui ont connu de nombreux drames rejetant sur les chemins et la mer des centaines de milliers de réfugiés, la Retirada, les Pieds Noirs, les Harkis, les bosniaques, nous pays riches, nous nous replions sur nous-mêmes pour demander des frontières et des murs et faire exploser la communauté européenne, la plus belle, la plus généreuse réussite politique des temps modernes !

Photo diffusée par l'ONG. Christian Buettner/Eikon Nord GmbH Germany/Handout via REUTERS
Photo diffusée par l’ONG.
Christian Buettner/Eikon Nord GmbH Germany/Handout via REUTERS

« Où est passé notre humanité ? » demande Nicolas Hulot dans une tribune publiée le 2 mai dans le journal « le Monde ». Oui, on s’accoutume à l’enfer des autres…on s’habitue à l’insoutenable…On y pense…et on oublie !

Pire : partout en Europe ces images, au lieu de réveiller nos consciences et notre intelligence collective, projettent nos concitoyens dans les bras des partis nationalistes xénophobes ; c’est ainsi qu’en Autriche, je l’écrivais ici la semaine dernière, en Autriche, pays de grande culture et économiquement très solide (chômage à 5% !) un candidat national-socialiste-populiste qui a basé sa campagne électorale sur le rejet des réfugiés et l’interdiction de toute immigration en provenance de pays musulmans n’a échoué que de quelques dizaines de milliers de voix dans sa tentative de devenir le premier Président d’extrême droite de l’Europe !

Nous sommes dominés par nos peurs et nos dirigeants s’alignent sur ces peurs : la France n’a accepté d’accueillir que 30 000 réfugiés en deux ans (l’Autriche 90 0000 cette année…) alors qu’ils sont des centaines de milliers jetés sur les routes et la mer pour fuir l’horreur de l’Etat islamique ! Seule Madame Merkel a tenu le drapeau des valeurs humanistes de l’Europe ; seule contre tous elle essaie de bâtir une politique européenne pour faire face.

Comment une Europe de 500 millions d’habitants, première puissance économique mondiale (le P.I.B. de l’Union Européenne est supérieur à celui des U.S.A.), comment cette Europe peut-elle être incapable d’assumer son devoir d’humanité ?

Qui ne voit qu’il ne peut y avoir de solution nationale à la crise humanitaire des réfugiés politiques et demain des réfugiés climatiques ? Le rétablissement des frontières des Etats est totalement illusoire devant le flot de ces familles, femmes et enfants compris qui se pressent aux frontières dans des conditions épouvantables.

Seule une politique européenne basée sur des quotas adaptés à la situation démographique et économique de chaque pays, une vraie police des frontières, l’ouverture de couloirs sécurisés, une aide massive aux pays limitrophes qui assument le premier accueil et une définition commune des critères du droit d’asile peut permettre de faire face à l’urgence humanitaire actuelle en espérant que l’offensive militaire contre Daesch finira par pacifier la Syrie et permettre le retour des réfugiés dans leur pays, leurs Cités , leurs maisons…

Oui le drame humanitaire sans précédent que nous rappellent les photos insoutenables de ces enfants noyés, rejetés sur nos rives impose une Europe plus forte et recentrée sur les missions que les Etats ne peuvent assumer seuls ; la maitrise de l’immigration en est une dont l’urgence et la complexité a été révélée par la guerre en Syrie.

Pour moi le message de ces photos est clair : le repli nationaliste est une impasse monstrueuse.

L’AUTRICHE, LABORATOIRE DE LA STRATÈGIE ET DES MOTS D’ORDRE DU FN ?

Quels enseignements peut-on tirer de l’élection présidentielle autrichienne ? A entendre les responsables du Front National le score historique de l’extrême droite en Autriche serait l’hirondelle qui annoncerait le printemps 2017.

Credit photo AFP
Credit photo AFP

Tout de même un peu déçu Florian Phillipot : le Président autrichien sera écolo et non pas national social populiste…

Pourtant tous les sondages annonçaient la victoire du FPÖ, le FN autrichien, et le dirigeant de ce parti, Heinz Christian Strache, issu de la famille néo-nazie, se voyait déjà Chancelier après les élections législatives anticipées qu’auraient immanquablement provoquées son poulain devenu Président, le jeune Norbert Hofer au sourire irrésistible, le langage lisse, le parfait gendre…

Les sondages se sont trompés mais de peu, quelques 36000 voix, et le même Florian Phillipot de voir là, « l’annonce faite à Marine » pour un heureux événement dans un peu plus de 9 mois…

Sur quoi fonde –il ses espoirs ?

Sans aucun doute sur la similitude de la stratégie et des mots d’ordre du FPÖ et du FN :

On adoucit la musique pour laisser en pizzicato les accents du pangermanisme hérités du national -socialisme, pizzicato mais pas en sourdine pour laisser entendre la revendication de l’annexion du Tyrol sud, italien depuis 1918…On lâche la voix sur « l’immigration islamique », l’UMPS local (sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens qui gouvernent ensemble le pays) et l’Union Européenne (mais bizarrement le FPÖ veut maintenir l’Autriche dans l’espace Schengen…On entend même comme chez le FN des louanges pour Vladimir Poutine, un homme fort, patriote, chrétien, antieuropéen !

Oui, à l’évidence, les similitudes entre le FN et le national-socialisme populiste du FPÖ sont fortes et on comprend que Marine Le Pen puisse rêver d’un score autour de 50%…443998453-drapeau-autrichien-raye-raie-flotter-battre-des-ailes

Mais l’Autriche n’est pas la France.

L’Autriche, historiquement terre d’accueil, vient d’être traversée par près d’un million de réfugiés…Certes seuls 90 000 ont demandé l’asile, soit 1% de la population, mais le spectacle était celui d’une invasion incontrôlée et d’une solidarité européenne hésitante et à minima…

Par ailleurs l’Autriche cherche encore son identité, une identité malmenée depuis un siècle, en 1918 sa Constitution affirme qu’elle « est une partie de la République allemande, puis vient l’annexion sans heurts par l’Allemagne nazie en 1938 et ce n’est qu’en 1955, il y a moins de trois générations, que l’Autriche retrouve sa souveraineté.

Enfin le système électoral, proportionnelle intégrale pour les assemblées nationales et locales, a créé une culture de la coalition et du compromis (comme en Catalogne). C’est ainsi que l’on a déjà connu en Autriche un gouvernement droite libérale- extrême droite en 1999 et qu’aujourd’hui même une Région est gouvernée par une coalition socialistes- extrême droite, FPÖ-SPÖ, l’équivalent de PS-FN en France !!!

En Autriche aucun « cordon sanitaire » n’existe entre les conservateurs et l’extrême droite ni même avec les sociaux-démocrates : on trouve des coalitions « noir-bleu » et même « noir-rose » ! La culture du « Front républicain »n’existe pas et les « porosités » avec le FPÖ, nationaliste pangermaniste, xénophobe et raciste se développent tous azimuts…Pas étonnant dans ces conditions qu’il soit aux portes du pouvoir…

L’Autriche n’est pas la France mais dimanche, une nouvelle ère politique y a vu le jour sur les ruines des partis de gouvernement : un sursaut populaire a barré la route à l’extrême droite en élisant contre toute attente Van der Bellen, un écolo modéré, solide sur les valeurs humanistes, un non professionnel de la politique mais pas un amateur ; bref : hors système.

Les autrichiens ont évité dimanche ce que Stéfan Zweig appelait «  l’effroyable défaite de la raison » ; certes le résultat final est lourd d’inquiétudes mais il a pour moi la signification d’un sursaut salubre d’un peuple cultivé, pacifique et généreux.

LE TROU DU PRESBYTÈRE …

La municipalité ouvre une consultation pour l’aménagement du trou béant créé par la démolition totale du presbytère qui laisse un mur aveugle disgracieux et une excroissance informe de la place Gambetta pourtant organisée à travers les siècles pour mettre en valeur la façade en cayrou de notre Cathédrale, sa tour blanche surmontée par un clocher arachnéen, dentelle de bronze avec ses perles de cuivre.IMG_2725

Oui, on est là dans un lieu magique qui méritait notre respect et un peu d’intelligence dans la résolution du problème, au demeurant banal, que posait la déstabilisation du presbytère dont la structure était en briques peu comestibles pour les termites…

Pour ma part j’ai toujours voulu démolir la partie accrochée à la Cathédrale afin de dégager ses contreforts et ouvrir la vue vers la chapelle du Dévôt-Christ et l’entrée du Campo Santo. Par contre, dans le projet que j’avais présenté à l’Architecte des Bâtiments de France la partie en briques apparentes était conservée. A l’époque cette démolition partielle fut interdite par l’Etat…

Les temps changent…

Aujourd’hui la démolition totale et précipitée du presbytère est une faute démocratique, urbanistique et économique.

Faute démocratique d’abord : nos concitoyens ont été mis devant le fait accompli sans avoir eu la possibilité de s’exprimer ; ils ont découvert un beau matin une palissade et une grue et dès le lendemain le bâtiment se brisait sous les coups des engins. Une consultation est aujourd’hui ouverte mais c’est trop tard : la seule consultation qui aurait permis un vrai débat et une pédagogie citoyenne était celle donnant à choisir entre au moins TROIS options : démolition partielle et maintien de la partie en briques, démolition totale, démolition et reconstruction d’un immeuble (il eut été bon d’ailleurs de les chiffrer) ; je suis convaincu, pour ma part, que la première option aurait été plébiscitée…

Faute urbanistique ensuite : le mal est fait et quelle que soit la solution retenue elle sera incongrue à moins d’un talent hors normes…Personnellement, dans un lieu aussi exceptionnel, je ne prendrais pas le risque d’un concours d’architecture sur un programme flou et qui ne concerne que le rez-de-chaussée. Quant au traitement du mur aveugle, là encore je crains le pire…J’ai en tête un mur entièrement « végétalisé » à Madrid (ci-dessous une photo prise il y a un an) mais il suppose une ingénierie de haut niveau et surtout un entretien sans failles. Ma préférence irait vers une solution de type cayrou reprenant les couleurs de la Cathédrale et un calepinage qui permette d’éviter un mur uniforme. Ainsi on créerait un fond de plan à la Cathédrale sans prendre trop de risques ; c’est aussi une solution moins coûteuse en investissement et en fonctionnement. (par contre la proposition présentée avec de larges ouvertures horizontales est un contresens par rapport à la logique des façades de la place).

Faute économique enfin : les deux solutions qui restent en débat coûteront cher : 2, 3, 4 millions d’€ ? Il y avait mieux à faire pour soutenir l’économie touristique de Perpignan « ville d’arts et d’Histoire » ! Par exemple restaurer le cloître des Dominicains enfin libéré par l’armée.

Cette consultation tardive après la démolition précipitée du presbytère est là pour se faire pardonner un déni de démocratie ; mais le mal est fait et les solutions mises en débat sont peu convaincantes. À cette étape, je crois qu’il faut désormais prendre le moins de risques possibles et trouver une solution humble, cohérente avec la façade de la Cathédrale ; une solution qui avec le temps fera oublier «  le trou du presbytère » !IMG_4333

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PETITES ÉCONOMIES SUR « VISA » ? Inadmissible !

A l’insu de son plein gré le maire de Perpignan a lancé un appel d’offres pour la retransmission des projections de « Visa Pour l’Image » sur la place de la République en les réduisant à deux soirées ; ce serait l’œuvre d’un fonctionnaire zélé voulant briller dans la recherche des économies de gestion…

Visa pour l'imageUne journaliste lanceur d’alerte a donné l’information qui s’est largement diffusée…Devant les condamnations unanimes, jusque et y compris le FN pourtant peu avare de critiques sur cette manifestation « élitiste » (traduisez : non conforme aux valeurs de ce parti), nul doute que le maire corrigera le tir et peut être, pour faire amende honorable, ira jusqu’à programmer 4 et non pas 2 rediffusions. D’aucun ajouteront que s’il est possible de trouver 100 000 € pour augmenter les indemnités des élus il doit être possible de dégager 10 000 € pour deux rediffusions supplémentaires…

Cet incident somme toute marginal laisse néanmoins une ombre inquiétante : « Visa » ne serait plus une priorité incontournable, une adhésion inconditionnelle à un combat politique, celui de la liberté de la presse au service des droits de l’homme ; il faudrait ranger « Visa » dans la catégorie des « animations du centre-ville » et des spectacles de rue ?

Loin de moi l’idée de mépriser ou de négliger les actions qui mettent en fête le centre-ville pour soutenir son économie : il en a grand besoin !

Mais « Visa » c’est bien davantage : au-delà de son impact économique amplifié par le Festival Off Perpignan, au-delà de la notoriété mondiale apportée à notre ville, c’est d’abord un moment politique.

Lorsque le monde du photojournalisme se rassemble à Perpignan il nous donne à voir des reportages pour éveiller notre intelligence et notre conscience sur les désordres et les drames mais aussi sur les courages et les bonheurs ; ce n’est pas un spectacle ou de l’animation festive mais avant tout un moment privilégié ou notre espoir de changer le monde se ressource, où se diffuse un besoin de paix et de fraternité, où nous pouvons trouver le courage de ne pas nous replier sur nos égoïsme et s’ouvrir au monde.

Oui, « Visa pour l’image » est un moment politique et la diffusion de ses reportages doit être la plus large possible.

Oui, plus que jamais il faut illuminer la place de la République de ces messages humanistes qui sont les vrais remparts contre la xénophobie et les nationalismes mortifères.

Oui Jean Francois Leroy, toi qui porte cet événement, tu as raison : il faut développer encore la diffusion populaire de « Visa ».

Louis Aliot tire sur la Culture !

« Quand j’entends le mot culture je sors mon révolver ». Cette phrase, Goebbels et Goering aimaient la répéter…
Ici, aujourd’hui, Louis Aliot tire à boulets rouges sur le Théâtre de l’Archipel, dans un tract diffusé dans les boites aux lettres des perpignanais on peut lire :

Theatre-de-l-Archipel-by-Jean-Nouvel-00– « L’incroyable gouffre financier » du Théâtre et d’écrire en lettres rouges un énorme 100 millions € pour effrayer le peuple.

– « On est loin des 35 millions annoncés » pour discréditer, humilier, insulter l’adversaire.

On est là dans le vrai visage du FN :
On fait peur en trichant et aucun mensonge n’est trop gros !
On tire sur la culture car la culture est le seul vaccin contre les virus FN.

Pourtant la vérité est claire et explicitée dans les documents publics officiels (par exemple les délibérations du Conseil Municipal) :

– Le groupement privé (Fondeville, Crédit AgricoleENGIE) loue le bâtiment qui devient public au terme des 32 ans du contrat ; la mise à disposition fait l’objet de 9 loyers qui correspondent à la construction, à la grosse maintenance, à la maintenance quotidienne, aux fluides (chauffage, climatisation), jusqu’au nettoyage et au personnel de sécurité !

– Le coût final de la construction (maitrisé sans dépassement de l’estimation initiale !! ) est de 42 millions d’€ ramenés à 32 par les subventions de l‘Etat et de la Région (au total 10 millions d’€).
Le loyer correspondant est équivalent à un emprunt à taux fixe de 4% sur 32 ans !

Par quelle supercherie arrive-t-on à 100 millions d’€ comparés à « 35 millions annoncés » (en fait 32…) ???
« Elémentaire, mon cher Watson ! » dirait Sherlock Holmes :
Vous prenez tous les loyers ci-dessus rappelés (c’est-à-dire y compris chauffage, nettoyage, sécurité etc. ) et vous multipliez par 32 à savoir la durée du contrat !

Avec la même méthode l’USAP coûte plus de 600 millions sur 32 ans, la piscine du Moulin à Vent 120 et le coût d’un Député Européen (par exemple Louis Aliot…) 10 millions d’€ !!!

Oui, le FN partout et toujours tire sur la culture et aucune supercherie ne l’arrête !

Plce de RepubliqueNotons que le même Louis Aliot, l’idéologue de la dédiabolisation (sur la forme) du FN, s’offre le luxe de critiquer la décision du maire de lancer un appel d’offres qui réduit à deux, les soirées de Visa Pour l’Image retransmises sur la place de la République.
En son temps il critiquait Visa…maintenant il le défendrait ???

Pourtant il devrait savoir que si par malheur, par l’accumulation des supercheries du FN et des fautes de la municipalité actuelle, il arrivait à être maire nul ne doute que Jean Francois Leroy déserterait Perpignan ville FN et « Visa pour l’image » avec lui !

Oui Monsieur Aliot le monde de la culture comme le monde du photojournalisme se bat pour des valeurs, la liberté d’expression, les droits de l’homme, la lutte contre toutes les discriminations et la fraternité sans exclusives, des valeurs qui sont à l’opposé de l’idéologie frontiste.