BREXIT : l’Europe et le Royaume-Uni disloqués ?

Les vieux démons britanniques, nostalgie de la grandeur perdue de l’empire victorien, sentiment de supériorité envers les peuples du continent, xénophobie anti immigrés, ont été réveillés par une campagne à l’emporte-pièce, aux mensonges massifs et aux slogans racistes ravageurs colportés par une presse propriété à 80% de Rupert Murdoch, anti européen primaire, magnat australien de la presse anglaise.

«  Le peuple a parlé » selon la formule consacrée et le résultat est là : le Royaume Uni sera demain un « pays tiers », ses sociétés de service et d’industries paieront l’intégralité des droits de douanes et ses banques perdront leurs passeports européens qui leur permettaient de s’installer et d’opérer partout dans l’Union Européenne ; Londres se retrouvera au mieux avec des accords d’association comme ceux signés avec la Suisse ou la Norvège. Et le plus tôt sera le mieux car l’incertitude et les atermoiements produisent les récessions économiques.

division RU Crédit AFP« Indépendance day, victory ! » exulte Boris Johnson, le leader de la campagne pour le « out » ; ne voit-il pas que Londres dont il était le maire il y a quelques mois, Londres capitale culturelle, première place financière mondiale, Londres riche de ses diversités, ouverte au monde, a voté clairement contre l’esprit de frontières et pour l’Europe puissance économique, politique et culturelle ? Ne voit-il pas que le Royaume Uni est au bord de l’implosion, divisé entre ses nations, entre jeunes et vieux, entre riches et pauvres ? Déjà des voix s’élèvent fortes et sans doute majoritaires pour demander la réunification de l’Irlande et l’indépendance de l’Ecosse…
La dislocation du Royaume Uni ?

« Victoire historique ! » crient à l’unisson Donald Trump, Vladimir Poutine et Marine Le Pen. Le premier voit dans ce résultat la fin de l’Europe qui redonnera aux USA et au dollar une suprématie incontestée ; le second voit dans l’affaiblissement de la puissance politique et militaire du voisin européen le champ libre pour annexer l’Ukraine et pourquoi pas les pays baltes et la Géorgie…

Et Marine Le Pen et ses sbires de demander des référendums en France, en Autriche, aux Pays Bas, au Danemark pour accélérer la destruction de l’héritage de nos pères construit au sortir de la barbarie nazie et face au Goulag stalinien. Faut-il rappeler que l’Europe des nations chère au FN a produit deux guerres effroyables en trente ans et que l’Europe unie, solidaire, a apporté la paix sur notre continent depuis soixante-dix ans ?

Le peuple britannique a choisi le BREXIT ; dont acte ; l’Angleterre n’a jamais adhéré au projet politique européen mais seulement à ses avantages économiques ; dont acte et demain on négociera des accords commerciaux et des alliances au coup par coup ; on rétablira des barrières douanières et les dévaluations compétitives…La livre a déjà dévissé de 15% …. Et d’autres pays devraient suivre l’exemple anglais veulent nous faire croire les nationalistes xénophobes de tous bords ?

C’est cela l’avenir pour la jeunesse? Une Europe et un Royaume Uni démantelés et la jungle économique ?

L’Europe des solidarités a perdu une bataille mais n’a pas perdu la guerre contre l’Europe des nations barricadées dans leurs frontières !

Mais qui saura être la voix de la résistance ?

Résister à l’orthodoxie financière qui détruit les forces productives : il faut relancer l’investissement industriel, de Recherche et d’équipement du territoire,

Résister à la technocratie et ses régulations aveugles qui unifient et ignorent la diversité des territoires et leurs identités : il faut lui opposer la démocratie et la citoyenneté européenne en donnant le pouvoir au Parlement et au Conseil de l’Europe,

Résister à l’esprit de frontières et ses peurs : il faut construire la sécurité européenne avec la création d’un FBI européen, d’une police des frontières et d’une force d’intervention,

Résister au populisme et à la démagogie : il faut réinventer le rêve européen pour la jeunesse généreuse ouverte au monde et à ses cultures.

Le BREXIT : un électrochoc salutaire pour relancer l’Europe des solidarités, celle qui protège et investit, celle qui peut et doit reconquérir le cœur des peuples.