LE TROU DU PRESBYTÈRE …

La municipalité ouvre une consultation pour l’aménagement du trou béant créé par la démolition totale du presbytère qui laisse un mur aveugle disgracieux et une excroissance informe de la place Gambetta pourtant organisée à travers les siècles pour mettre en valeur la façade en cayrou de notre Cathédrale, sa tour blanche surmontée par un clocher arachnéen, dentelle de bronze avec ses perles de cuivre.IMG_2725

Oui, on est là dans un lieu magique qui méritait notre respect et un peu d’intelligence dans la résolution du problème, au demeurant banal, que posait la déstabilisation du presbytère dont la structure était en briques peu comestibles pour les termites…

Pour ma part j’ai toujours voulu démolir la partie accrochée à la Cathédrale afin de dégager ses contreforts et ouvrir la vue vers la chapelle du Dévôt-Christ et l’entrée du Campo Santo. Par contre, dans le projet que j’avais présenté à l’Architecte des Bâtiments de France la partie en briques apparentes était conservée. A l’époque cette démolition partielle fut interdite par l’Etat…

Les temps changent…

Aujourd’hui la démolition totale et précipitée du presbytère est une faute démocratique, urbanistique et économique.

Faute démocratique d’abord : nos concitoyens ont été mis devant le fait accompli sans avoir eu la possibilité de s’exprimer ; ils ont découvert un beau matin une palissade et une grue et dès le lendemain le bâtiment se brisait sous les coups des engins. Une consultation est aujourd’hui ouverte mais c’est trop tard : la seule consultation qui aurait permis un vrai débat et une pédagogie citoyenne était celle donnant à choisir entre au moins TROIS options : démolition partielle et maintien de la partie en briques, démolition totale, démolition et reconstruction d’un immeuble (il eut été bon d’ailleurs de les chiffrer) ; je suis convaincu, pour ma part, que la première option aurait été plébiscitée…

Faute urbanistique ensuite : le mal est fait et quelle que soit la solution retenue elle sera incongrue à moins d’un talent hors normes…Personnellement, dans un lieu aussi exceptionnel, je ne prendrais pas le risque d’un concours d’architecture sur un programme flou et qui ne concerne que le rez-de-chaussée. Quant au traitement du mur aveugle, là encore je crains le pire…J’ai en tête un mur entièrement « végétalisé » à Madrid (ci-dessous une photo prise il y a un an) mais il suppose une ingénierie de haut niveau et surtout un entretien sans failles. Ma préférence irait vers une solution de type cayrou reprenant les couleurs de la Cathédrale et un calepinage qui permette d’éviter un mur uniforme. Ainsi on créerait un fond de plan à la Cathédrale sans prendre trop de risques ; c’est aussi une solution moins coûteuse en investissement et en fonctionnement. (par contre la proposition présentée avec de larges ouvertures horizontales est un contresens par rapport à la logique des façades de la place).

Faute économique enfin : les deux solutions qui restent en débat coûteront cher : 2, 3, 4 millions d’€ ? Il y avait mieux à faire pour soutenir l’économie touristique de Perpignan « ville d’arts et d’Histoire » ! Par exemple restaurer le cloître des Dominicains enfin libéré par l’armée.

Cette consultation tardive après la démolition précipitée du presbytère est là pour se faire pardonner un déni de démocratie ; mais le mal est fait et les solutions mises en débat sont peu convaincantes. À cette étape, je crois qu’il faut désormais prendre le moins de risques possibles et trouver une solution humble, cohérente avec la façade de la Cathédrale ; une solution qui avec le temps fera oublier «  le trou du presbytère » !IMG_4333

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