Dernière mise à jour avec insertion de la vidéo du journal de TV Sud du 9 février et de mon intervention
La décision d’augmenter les indemnités de quelques élus municipaux de Perpignan fait le buzz dans les discussions en ville…
Il faut dire que si l’impact budgétaire de cette décision reste modeste (100.000 € /an tout de même !) son impact politique est très lourd : dans un moment de crise économique qui oblige la mairie, pour ne pas accroitre les impôts plus que l’inflation, à réduire les subventions aux associations (moins 10% depuis l’an dernier), faire voter par un exécutif municipal unanime, tous la main sur la couture du pantalon, une augmentation de 12% du budget de leurs indemnités n’est pas compréhensible ; d’aucuns estiment même que cela relève de la provocation…
Le F.N. silencieux jusque-là, tellement silencieux que certains avançaient déjà l’hypothèse d’un pacte occulte avec la municipalité, s’est soudain réveillé jusqu’à distribuer des tracts sur le sujet dans les quartiers. Notons que dans le débat on a appris de la bouche même de M. Louis Aliot que le F.N. aurait pu laisser passer cette délibération s’il avait obtenu des indemnités pour ses élus…
On est là dans un débat lamentable qui va renforcer encore la défiance, le mépris parfois le dégoût que nos concitoyens portent à la gent politique, tous bords politiques confondus.
Il en va pourtant de l’efficacité de la démocratie locale, celle qui construit le « vivre ensemble », celle qui plus que tout autre crée une culture et un appétit de citoyenneté !
Je suis de ceux qui pensent que les fonctions d’élus local doivent être correctement indemnisées : ne pas l’accepter c’est réserver les fonctions électives aux retraités et/ou aux riches ; c’est donc exclure de facto des responsabilités publiques la grande majorité des actifs modestes, ceux précisément qui par leur travail produisent les richesses d’où sont issus les impôts qui financent les services publics.
C’est ainsi que j’ai toujours considéré que les maires des petites communes percevaient des indemnités sans rapport avec la charge de travail et les responsabilités de leurs fonctions ; Président de la communauté d’agglomération j’avais assumé malgré les critiques des populistes de droite et de gauche, le versement d’indemnités à chacun des 36 maires ; depuis, certes, le statut des maires a été amélioré mais le chantier n’est pas abouti.
Dans les grandes villes les élus disposent d’une administration puissante, compétente et protégée par un statut pour accomplir sa mission en toute liberté de conscience.
Mon expérience m’amène à douter qu’il soit nécessaire aujourd’hui d’avoir 21 adjoints à Perpignan puisque l’essentiel des compétences de la commune, des infrastructures jusqu’à l’urbanisme en passant par le développement durable ont été transférées à la Communauté Urbaine !
A Barcelone Madame Ada Colau dirige la ville avec 8 adjoints … Il est vrai qu’elle ne cumule pas avec d’autres fonctions. J’ajoute que sa première décision a été de diminuer les indemnités de 25% !
Ce qui est vrai au sud des Pyrénées serait-il incongru au Nord ?
La question des indemnités des élus locaux mérite mieux que la polémique actuelle née d’une délibération inopportune qui rend impossible aujourd’hui d’aborder le débat de fond pourtant salutaire : comment et à quel prix susciter dans toutes les couches de la société des vocations à s’engager dans ces missions de service public nobles, riches de sens et de dévouement que sont les fonctions d’élus local.
Oui, cette délibération est un coup bas porté à la démocratie locale.
Extrait du journal de TV Sud du 9 février