On a cru longtemps qu’Internet et le Haut Débit favoriserait l’implantation d’entreprises de pointe dans les villes moyennes réputées pour la qualité de leur cadre de vie opposé au « métro-boulot-dodo » des mégalopoles. En fait il n’en a rien été et les Métropoles ont continué d’attirer sur leur territoire l’essentiel de ce qu’on appelle l’économie de la connaissance, celle des entreprises innovantes qui créent de la valeur ajoutée de haut niveau et les emplois correspondants.
Perpignan, loin du monde, il faut 6 heures par le TGV, plus de 4 heures par avion pour atteindre Roissy, a souffert de la compétition inégale avec Montpellier qui a capté le flux d’entreprises de pointes attirées par la Méditerranée. Je me souviens d’une étude qui montrait que si la population de l’agglomération Montpelliéraine n’était que le double de celle de Perpignan par contre les emplois de l’économie numérique y étaient 12 fois plus nombreux !
Doit-on se résoudre à une économie d’emplois peu qualifiés, le plus souvent précaires, commerce, tourisme, manutention, agriculture etc. ou est-il possible de recoller au peloton (au TOP 14 !) des villes qui attirent l’économie de la connaissance ?
Notre meilleur atout c’est le soleil et le vent qui nous permettent d’être aux avant-postes de la recherche –développement des énergies renouvelables ; et la performance dans ces domaines entrainera la performance dans l’économie numérique qui elle-même ouvre la voie à tous les domaines de l’économie de la connaissance.
Il faut donc marteler que nous sommes bientôt un territoire à énergie positive (on produit davantage d’énergie renouvelable que notre consommation d’électricité), que nos chercheurs, nos écoles d’ingénieurs, nos bureaux d’études spécialisés sont parmi les meilleurs de France ; oui, apprenons à vendre notre territoire comme un territoire d’innovation ; apprenons à faire du marketing territorial pour promouvoir Perpignan-Méditerranée territoire d’excellence dans les énergies renouvelables !
Et c’est là qu’il faut trouver l’explication du choix d’implanter un cadran solaire monumental à la porte d’entrée de notre territoire ; il interpelle et interpellera pendant des décennies des dizaines de millions d’hommes et de femmes venus de tous les horizons de France et d’Europe avec un message massif :
Ici vous entrez dans une ville , un pays où le soleil est généreux qui permet un tourisme, une agriculture, une viticulture de haute qualité
Ici le soleil est une énergie domestiquée par le génie de nos chercheurs et de nos entreprises de pointe
Ici vous entrez dans un territoire d’excellence et qui plus est mieux relié désormais aux capitales du monde que Montpellier par sa proximité ( 2 heures ) avec l’aéroport de Barcelone !
Ainsi on investit pour changer notre image et il faudra continuer d’investir pour briser la spirale du déclin qui nous enfonce dans une économie de ville provinciale exclue du monde de l’innovation et de la création ;
Trop couteux ? Je rappelle que 250 000 € cela représente moins de 3 pages de pub dans un quotidien national qui touchera au maximum 300 000 lecteurs alors que le cadran solaire de Marc André 2 Figuères va frapper le cerveau de dizaines de millions de visiteurs et ce pendant des décennies !
Pas prioritaire ? je réponds que c’est précisément en période de crise qu’il faut déployer une politique de marketing, d’image et de notoriété (l’œuvre a reçu le label UNESCO pour l’année 2015, année de la lumière).
J’assume ce choix du cadran solaire à l’entrée de l’agglomération, comme j’assume celui du Théâtre de l’Archipel et de sa passerelle au cœur de la Cité ou encore celui du centre du monde rénové qui tôt ou tard trouvera son modèle économique. C’est le choix de la modernité.
J’assume aussi le choix de la mise en beauté de notre patrimoine. C’est le choix de l’identité.
Modernité et identité voilà les axes d’une politique de marketing territorial et de changement de notre image: il faut, plus que jamais, savoir vendre notre territoire ou accepter le déclin et la fuite définitive de tous nos jeunes diplômés.