Sur l’écran large que surplombent les arabesques métalliques du clocher de Saint Jean soudain éclate une image : le corps immobile d’un petit garçon rejeté par la mer, la face dans le sable d’une plage de notre Méditerranée.
On a le souffle coupé : cet enfant mort replié sur la grève, cet enfant est notre enfant…Il fuyait avec son père, sa mère et ses sœurs la barbarie de l’Etat islamique ; seul son père a survécu et retournera à Kobané pour leur donner sépulture…Kobané ville martyre qui n’est plus que ruines et souffrances.
Cette photo a fait le tour du monde et interpelé les dirigeants de l’Europe ; et c’est à Perpignan qu’elle fut présentée pour la première fois en France.
Plus tard viendront les reportages de ces femmes Yézidies qui ont formé une brigade pour se battre aux côtés des Kurdes ; elles se sont évadées, elles ont échappé au génocide de leur peuple, hommes enterrés vivants, tous exécutés, femmes violées, vendues comme esclaves…Elles ont le visage enfantin de leur 18 ou 20 ans…
Oui, la barbarie la plus effroyable s’est abattue sur un des berceaux de notre civilisation, celui où est né l’alphabet, celui où fut édifiée Palmyre…
Et pendant ce temps en France un parti xénophobe est devenu le premier parti de notre République !
Les français peuvent-ils croire que la barbarie n’est pas fille de la xénophobie ?
Les français peuvent-ils croire qu’en se barricadant dans nos frontières, en détruisant la communauté européenne, héritage de nos pères, il serait possible de protéger notre modèle social, notre économie, notre démocratie ?
Les français ont-ils oublié que la République a inventé la fraternité ? Et sans la fraternité le patriotisme n’est plus qu’un dangereux nationalisme xénophobe.
« Visa pour l’image » nous apprend à « chercher cette région cruciale de l’âme où le mal absolu s’oppose à la fraternité » André Malraux.
Soyons fiers d’avoir créé et soutenu inconditionnellement « Visa pour l’image » qui fait de Perpignan un phare de lumières, une cité militante des droits de l’homme, de la démocratie et de la liberté de la presse…pendant 15 jours …
Merci à Jean François Leroy, merci pour ce visa vers la fraternité !