Donner un nom à un territoire n’est pas une décision anodine car elle renvoie à deux questions essentielles, celle d’une identité partagée pour affirmer la cohésion sociale et celle du repérage géopolitique pour soutenir l’attractivité économique.
La question de l’identité est devenue un des problèmes les plus importants de la période moderne marquée par la mondialisation des échanges et le métissage culturel. Dès lors il n’est pas étonnant de constater que le choix du nom de notre future Région passionne davantage que les débats sur son développement durable…
Aux doutes anxiogènes sur la pérennité de notre environnement culturel il faut pouvoir opposer la fierté d’appartenir à un territoire bien identifié à partir d’une histoire reconnue et d’un patrimoine protégé et mis en valeur.
Ce vaste ensemble né de l’addition de « Midi-Pyrénées » et de « Languedoc –Roussillon » est une mosaïque de territoires aux identités plus ou moins affirmées :
Occitans, Catalans, Gascons mais aussi pays Cathare, Cévenol, Lauragais, Rouergue, Grands Causse etc.
Le nom choisi et son drapeau peuvent être un obstacle ou au contraire un soutien à des politiques culturelles et de développement durable qui sachent à la fois valoriser la diversité des terroirs et construire la cohésion et la puissance de la 5émé Région de France par sa population.
J’ai cherché un point commun, une matrice originelle et je livre mon sentiment : ces terroirs, ces villes et leur patrimoine ont été façonnés par les flux économiques, culturels et politiques qui ont traversé deux frontières : les Pyrénées frontière avec l’Espagne et plus précisément avec l’Aragon et la Catalogne d’une part, la Méditerranée qui a toujours été l’ouverture au monde d’autre part.
Ces deux frontières, PYRÉNÉES et MÉDITERRANÉE, sont notre singularité commune, celle qui nous différencie de toutes les autres Régions.
C’est dans l’unité d’une histoire commune qui s’est jouée sur ces deux frontières qu’il est possible, à mon avis, de construire, mais cela prendra du temps, une fierté collective, une identité commune et une cohérence territoriale.
Il faut aussi se convaincre que le nom d’un territoire fixe un positionnement géopolitique qui peut, avec le temps, devenir une marque comme c’est le cas, par exemple, de « la côte d’azur ».
Le choix du nom peut être soit un obstacle soit un soutien à l’attractivité du territoire ; les politiques de « marketing territorial » seront plus efficaces si elles peuvent s’appuyer sur la notoriété d’une appellation. Il faudra donner du temps au temps pour qu’elle atteigne un rayonnement international.
Mon sentiment est que « PYRÉNÉES » et « MÉDITERRANÉE » sont des noms porteurs qu’il n’est pas inutile de s’approprier dans le contexte de plus en plus vif de la compétition économique que se livrent les territoires.
L’appellation « PYRÉNÉES-MÉDITERRANÉE » me parait mieux que d’autres, capable non seulement de fédérer la mosaïque des territoires de la nouvelle Région mais aussi de lui donner une lisibilité immédiate et forte.
Je verse ma réflexion au débat, un débat qui devra avoir lieu d’abord au sein de la nouvelle assemblée issue des urnes mais dont l’arbitrage final devrait se faire par la voix démocratique d’un référendum.
Ce serait le premier pas de ce long chemin pour qu’émerge progressivement une identité acceptée et assumée.