Toute la classe politique et les médias pronostiquent un score historique du FN lors des prochaines élections locales. Selon les analystes les candidats FN devraient arriver en tête du premier tour dans de très nombreux cantons notamment dans les Pyrénées-Orientales.
Pour faire face au « Front », jeter l’anathème et se parer de vertu pour trouver les mots d’un jugement moral est contreproductif : crise économique, crise sociale, crise identitaire induisent des comportements de peurs et de repli sur lesquels le FN prospère parce que le discours de Marine Le Pen colle au ressenti de nos concitoyens.
Ses mots collent aux maux perçus !
Jean Marie Le Pen avait construit le socle du FN, idéologie et programme, et imposé au cœur du débat politique les thèmes de l’immigration, de la sécurité, de l’identité nationale. Il avait mené la bataille avec des mots crus et provocants. Marine Le Pen va éviter les excès du père, substituer au vocabulaire trop agressif d’autres expressions, par exemple « priorité nationale » au lieu de « préférence nationale ».
Le mal absolu n’est plus l’immigré mais le « communautarisme musulman » et l’immigration est fille du mondialisme…mieux : Marine Le Pen a compris que les français sont attachés aux valeurs républicaines d’égalité, de liberté, de patriotisme, de mérite. Elle va donc s’accaparer ce vocabulaire républicain et le détourner pour l’accrocher au fonds de commerce du FN à savoir un nationalisme total ethnique, politique, économique, social, culturel et même religieux !
La laïcité n’est pas le droit à la différence mais le moyen de nourrir l’islamophobie aujourd’hui largement répandue dans la société française. Ainsi sans rien renier de l’héritage paternel et notamment des mesures phares de son programme ( droit du sang, sortie de l’Euro, immigration zéro etc.) Marine Le Pen élargit son électorat, acquiert respectabilité, audience et même statut de présidentiable (cf discours de Manuel Valls cette semaine !)
Cette stratégie de dédiabolisation est d’autant plus efficace que la crise économique dure et le chômage progresse révélant l’impuissance des gouvernements de droite et de gauche, «l’UMPS», accréditant chaque jour davantage l’idée que le FN est « l’autre solution », celle qu’on n’a pas encore essayée…
Pourtant il n’est pas très difficile de démontrer que le programme du FN conduirait notre pays, barricadé dans ses frontières, vers une récession aux limites imprévisibles.
Sans la protection de l’Euro notre monnaie s’effondrerait et notre dette ne serait plus remboursable par l’explosion des taux de nos emprunts. Il s’en suivrait perte de pouvoir d’achat en premier lieu des retraités et spirale accélérée de faillites et de chômage.
Mais ce débat sur la crédibilité du programme du FN n’intéresse pas les français tant ils sont las des discours et des promesses des « gestionnaires » qui nous gouvernent…
Alors comment faire face à ce qui pour moi est un danger mortel pour la France une et plurielle, fraternelle et humaniste ?
Jusqu’où ira la vague FN ?
Jusqu’où Marine Le Pen peut-elle déployer son électorat par sa capacité à s’approprier les mots des partis républicains ?
L’exemple de Perpignan peut-il donner une réponse ?