Il y a eu en début d’année le message du peuple grec et voilà qu’il revient, plus fort encore, du Sud des Pyrénées.
« Podemos », forme politique du mouvement des « indignés », a su capter, comme « Syriza » en Grèce, la révolte populaire contre les partis en place, de droite et de gauche, corrompus, soumis à l’orthodoxie comptable des banques centrales, incapables de comprendre les dimensions sociales et politiques de l’économie.
Oui, c’est l’irruption de la misère mais sous une forme pacifique et démocratique.
Les peuples d’Espagne et de Grèce ne se sont pas laissés séduire par les sirènes nationalistes et xénophobes, au contraire ils revendiquent le droit à la solidarité et à la fraternité ; ils aiment l’Europe, celle des droits de l’homme, des valeurs de démocratie et de laïcité, pas un mot contre l’Euro, mais ils refusent une Europe qui détruit les forces productives.
En Espagne comme en Grèce les peuples n’ont pas perdu la mémoire : ils se souviennent des régimes dictatoriaux, nationalistes et xénophobes du Caudillo pour les uns, des colonels pour les autres.
En France , par contre, on a oublié le régime de Vichy du Maréchal, celui qui a instauré la peine de mort pour avortement, qui a été complice de l’extermination des juifs, un « détail de l’histoire » comme aime le rappeler l’idéologue du Front National, Jean-Marie Le Pen.
En France une grande partie du peuple qui souffre s’est tournée vers le FN lors des dernières élections et les idées de ce parti ont totalement contaminé la droite extrême de l’UMP qui ose aujourd’hui s’appeler « les Républicains » !
Il est urgent d’entendre, de comprendre et de populariser le message de Podémos ; « sans pouvoir médiatique, économique, nous avons démontré que l’on peut faire les choses autrement et que le rêve et l’espoir peuvent l’emporter …notre unique moyen : l’imagination, la joie, la créativité ».
Oui, Podémos c’est un autre rêve que celui, mortifère, du Front National, un rêve de solidarité, d’honnêteté, de liberté d’expression et de démocratie vivante et enthousiaste !
Nos élus de droite et d’extrême droite qui sont allés défiler côte à côte, écharpe tricolore au ventre, pour s’opposer au droit à l’égalité pour tous dans l’application des lois républicaines du mariage, nos élus bardés de certitudes et de dogmes, prisonniers de leur addiction au pouvoir, peuvent craindre la montée en puissance de ce désir d’égalité et de fraternité qui a nourri le vote pour Podémos ou Syriza!
Les conséquences de ce séisme électoral en Espagne ( le PP a perdu plus de 30 capitales régionales, Podémos a gagné Barcelone, Madrid, Saragosse, la Corogne, Cadix et sans doute Valence ; il est l’arbitre de l’élection des exécutifs régionaux aux Baléares, en Aragon et en Castille la Manche !) sont imprévisibles mais il y a fort à parier qu’une nouvelle ère de la vie politique espagnole est ouverte et que les partis traditionnels devront se réformer en profondeur s’ils veulent demain encore jouer un rôle.
En Catalogne les dirigeants de Podémos soutiennent l’organisation d’un référendum parce que ce sont des inconditionnels de la démocratie mais ils refuseront une indépendance qui ne serait pas solidaire des régions pauvres de l’Espagne.
Artur Mas et les indépendantistes catalans, certes améliorent leur score (45% contre 38% lors des précédents scrutins) mais ils perdent le navire amiral, Barcelone ; sauront ils comprendre le message de Podémos et éviter le piège nationaliste ?
L’indépendance proposée comme un replis nationaliste n’a pas d’avenir ; à contrario, défendue comme une exigence de démocratie, le droit des peuples à disposer d’eux même, et comprise comme un pas vers une Espagne et une Europe fédérales, l’indépendance de la Catalogne devient le rêve et l’ambition qui peut rassembler au-delà de tous les clivages politiques.
C’est aussi cela le message de Podémos.