Le monde bouge, les mutations s’accélèrent mais chez nous tout se fige :
Le Mammouth est resté gras et lourd à déplacer, la justice est en quasi faillite dans ses habits usés, le financement de notre modèle social toujours sur le dos du travail et la TVA sociale une idée rejetée, les 35 heures encore là mais surtout pour les fonctionnaires, et sans doute les mêmes têtes à l’affiche des prochaines présidentielles…
Dernier avatar de cette rigidité de la société française ; la loi El Khomri qui essayait très timidement de nous faire avancer vers cette « flexi-sécurité » expérimentée avec succès depuis des décennies au Danemark (taux de chômage à 6% !). Elle a été progressivement déshabillée, le haut déjà jeté, le bas demain et elle sera nue !
Il faut dire que ce gouvernement au lieu de centrer son effort sur l’explication du chemin qu’il propose, a préféré s’épuiser à nous diviser, à nous énerver sur son projet inutile, inefficace et honteux de déchéance de la nationalité !
Mais pourquoi donc la France n’est-elle pas réformable ?
Tout simplement parce que notre Constitution, cette Vème République bonapartiste héritée de De Gaulle, ne permet pas au Parlement de jouer son rôle de proposition et de négociation des réformes que l’évolution de l’économie et de la société impose.
Cette Constitution c’est : un Président élu au suffrage universel direct qui dans la foulée maitrise les investitures des Députés élus à partir d’un scrutin uninominal à deux tours ; il nomme le Premier Ministre qui peut mettre au pas sa majorité en imposant un vote bloqué (article 44 ) chaque fois qu’elle se rebiffe ; autant dire que le Parlement est réduit à un Théâtre où les jeux de rôles évacuent dans la pénombre des commissions un travail législatif chaque jour plus inutile…
Ainsi s’est enracinée progressivement dans le monde politique français une culture de l’affrontement systématique entre deux blocs, interdisant toute négociation et toute majorité d’idées traversant les frontières partisanes. Et comme un mal n’arrive jamais seul, à cette culture de l’affrontement de deux blocs partisans s’est ajouté une culture de la grève nationale pour pallier l’incapacité du Parlement à être le lieu de la négociation des lois qui ont l’ambition de réformer les mécanismes socioéconomiques de notre pays.
Notre France est une République mais est-elle encore une démocratie ?
On peut en douter lorsque des candidats à la Présidence suprême disent vouloir réformer par ordonnance c’est-à-dire en court-circuitant le Parlement !
Après on s’étonne de voir progresser les votes populistes aux deux extrêmes, droite et gauche, sur la base de programmes irréalistes et irresponsables mais qui ont le mérite aux yeux d’un grand nombre de nos concitoyens de vouloir renverser la table.
Ma conclusion est simple : on ne pourra réformer notre pays qu’en agissant sur ces cultures qui bloquent tous les efforts de modernisation et d’adaptation ; il faut donc redonner au Parlement son rôle d’assemblée démocratique où peuvent s’exprimer, parce qu’elles y sont présentes, toutes les sensibilités politiques de la Nation ; plus précisément il faudra bien supprimer l’article 44 de la Constitution et revenir à un scrutin proportionnel pour l’élection des Députés par exemple comme en 1956 et 1986 ; au passage on pourra réduire le nombre de Députés en leur imposant de ne pas cumuler.
Un Parlement représentatif de la diversité des sensibilités politiques de notre pays pourra jouer son rôle et dés lors des formations politiques nouvelles pourrons émerger et redonner vie à la démocratie française.
Le monde bouge, les mutations s’accélèrent et pourtant la modernisation de notre pays est en panne ; la faute à une Constitution vieille de plus de cinquante ans qui sclérose notre démocratie.
Jusqu’à quand et jusqu’où ce déni démocratique peut-il continuer à miner notre société et lui interdire d’ouvrir l’avenir ?