Pour une Laïcité apaisée, mère de la Fraternité
La laïcité en France a une longue histoire qui se confond avec la construction progressive des valeurs et des lois qui fondent notre République et la nation pluriculturelle française.
Le premier coup de pioche est intervenu au « siècle des lumières » où nos philosophes pour la première fois théorisaient la liberté de conscience et la remise en cause de l’autorité cléricale ; le moment fondateur fut la déclaration des doits de l’homme et du citoyen en 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits ; nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».
La suite est un ensemble d’avancées et de reculs jusqu’à la loi de 1905 qui supprime le Concordat de 1801 de Napoléon et Pie VII.
En 1925 toutefois, l’Assemblée des Evêques condamne la laïcité… Le gouvernement de Vichy ira plus loin… Mais en 1945, la même assemblée des Evêques reconnait que la laïcité est « conforme à la doctrine de l’Eglise », déclaration confirmée par Vatican II en 1958.
Trente ans plus tard, en 1989, « l’affaire du foulard islamique » dans l’école publique ouvre à l’Islam le débat sur la laïcité.
Le débat n’est pas clos et je le crois important dans une période où la conscience identitaire est en passe de remplacer la conscience politique…
La défense de son identité est légitime et souhaitable ; on est plus fort pour affronter les turbulences du monde lorsqu’on connait ses racines. Mais la mise en valeur de son identité ne doit pas envahir l’espace public, singulièrement les lieux emblématiques comme l’école publique ou la mairie où les différences doivent s’effacer pour que l’égalité, la cohésion, l’unité, la fraternité s’y expriment pleinement.
Dans le débat actuel qui mérite notre intelligence et le refus de l’invective, je milite pour une laïcité apaisée loin du laïcisme qui prétend dicter les normes de la vie privée, une sorte de terrorisme idéologique drapé dans un discours républicain mais également loin de l’attitude de celles et de ceux, en général à l’extrême droite, pour qui la laïcité est d’abord une arme pour protéger la communauté catholique et rejeter les communautés musulmanes et juives.
La laïcité apaisée n’est pas une simple tolérance, elle ne se réduit pas au respect des différences d’opinion ou de religion, elle est un élan vers le partage de la culture de l’autre.
Cette laïcité-là, est la mère de la fraternité.