Le message du peuple grec !

Marine Le Pen a tort de se réjouir de l’élection d’ Alexis Tsipras et Jean-Luc Mélenchon devrait lui aussi s’imposer un peu de modestie  quant aux gouvernants de France et d’ailleurs, de gauche, de droite ou du centre qui parlaient de la Grèce avec condescendance ou mépris. Le peuple grec vient de leur adresser un message qui résonne comme un formidable défi.

drapeaux

Le message est clair : nous aimons l’Europe, celle des valeurs de démocratie héritées de l’Agora grecque.
Nous ne voulons pas sortir de l’Euro qui nous protège mais nous voulons une Europe de la croissance des forces productives et non une Europe qui les détruit sous prétexte d’orthodoxies budgétaires. Pour cela nous choisissons un gouvernement qui ne doive rien aux grandes familles qui ont fourni à droite comme à gauche des premiers ministres incompétents et corrompus. Ils ont poussé leur crime jusqu’à falsifier les documents budgétaires pour masquer le déficit abyssal qui conduisait le pays à la faillite.images

Certes l’Eurogroup, la Banque Centrale Européenne, le FMI ont multiplié les plans de sauvetage qui atteignent aujourd’hui 300 milliards d’€ ! Mais les gouvernements qui se sont succédés, issus toujours des mêmes grandes familles, ont laissés la »Troïka » (commission européenne, FMI, BCE ) mettre le pays sous tutelle avec la brutalité d’un liquidateur d’entreprise, ventes des actifs, licenciements…

Pour quel résultat ?
Le chômage atteint 27% (officiellement !) et la richesse du pays, son PIB, a chuté de 26% !
Mais a-t-on engagé une réforme fiscale qui réduirait l’évasion fiscale et supprimerait les privilèges de l’Eglise et des grands armateurs ?
A-t-on jugulé la corruption ?
A-t-on réduit la sous productivité du pays ?
Même les observateurs les plus indulgents répondent par la négative.

Et c’est là qu’intervient le miracle démocratique !
Les technocrates de la »Troïka » ont géré l’économie comme des comptables de grandes multinationales. La révolte du peuple grec a rappelé à tous, gouvernants et technocrates, les dimensions sociales et politiques de l’économie. En brisant sa dynamique sociale ils ont plongé la Grèce dans une déflation monstrueuse.
Ce n’était plus de l’austérité mais le massacre des forces productives humaines et industrielles.

Et le peuple s’est révolté !
Mais révolté démocratiquement et sans se laisser fasciner par les populistes xénophobes et les chantres fascisant du replis nationaliste antieuropéen.

Alexis Tsipras affirme vouloir rester dans l’Europe et l’Euro.
Il sait qu’à un certain niveau de dette c’est le débiteur qui prend le pas sur le créancier.
Il dit avec force aux puissants de ce monde que la « Troïka » est comptable de la misère accumulée en Grèce.
Il obtiendra, j’en suis sûr, le rééchelonnement de la dette pour relancer l’économie et réduire les souffrances de son peuple (il a déjà porté le SMIC à 750€).

C’est le même pari que celui fait il y a dix ans par Lula élu Président du Brésil confronté à l’époque à la même situation : dette insupportable, PIB en récession et misère effroyable. Le peuple grec comme hier le peuple brésilien par la voie démocratique imposera une sortie du carcan imposé par les banques centrales des pays dominants.

Le message du peuple grec est clair, plein d’espoir et j’espère contagieux. L’avenir n’est pas en dehors de l’Europe, ni même en dehors de l’Euro il n’est pas dans le replis nationaliste et les discours xénophobes.
L’avenir il faut le construire dans une Europe plus démocratique et donc fédérale car la démocratie reste le meilleur rempart contre la technocratie financière et surtout elle reste le moteur le plus efficace du développement des forces productives.