La montée du F.N. est en train de disloquer le paysage politique français figé par une Constitution à bout de souffle où un parti qui réalise 30% des suffrages n’a que deux députés !
Je suis de ceux qui pensent que cette dislocation va s’accélérer au moment des élections présidentielles et que la recomposition se fera au Centre.
C’est au Centre que peuvent se rassembler les progressistes réformateurs sociaux-libéraux, les écologistes, les sociaux-démocrates etc. pour construire la « Force face au Front », humaniste et européenne, exigeante sur la défense des valeurs républicaines.
C’est là ma conviction profonde et représenter le Parti Radical au Congrès du Parti Radical de Gauche, outre que c’est une tradition de ces deux formations issues des mêmes racines, était conforme à cette conviction ; les agacements d’un certain microcosme local ne me feront pas changer d’avis.
Aussi bien les élections municipales, européennes que départementales ont confirmé que le vote « Front National », n’ètait plus un vote de refus ambigu, diaboliquement capté par Jean Marie Le Pen, mais un vote d’adhésion à une vision qui apparait de plus en plus comme « l’autre solution, celle que l’on n’a pas essayée ».
Pourtant il n’est pas difficile en décryptant le programme du F.N. (plusieurs centaines de propositions qui relèvent d’un populisme « ramasse-tout ») de démontrer que son application entrainerait notre pays dans une spirale infernale de décomposition économique, sociale et culturelle de la Nation française.
Mais personne ou presque n’a lu le « le Programme Politique du Front National »…
Par contre tous ont entendu les leaders du F.N. marteler trois mots au cœur de chaque discours : mondialisme, communautarisme (entendez : musulman) et patriotisme.
Dès lors, avec des mots empruntés au patrimoine républicain (mais détournés : ainsi la laïcité n’est plus le droit à la différence mais la barrière érigée contre l’invasion musulmane…), le F.N. va substituer à l’affrontement « Droite-Gauche » celui des « mondialistes » contre les « nationalistes », c’est-à-dire tous les partis de gouvernement face au F.N., seul sauveur de la Nation !
Et dans ce contexte, face à ce danger mortifère, que font les partis républicains ?
A droite, ils se déchirent et on n’a encore rien vu…à gauche on rêve de réussir comme Tsipras en Grèce à se débarrasser des contestataires mais on a peur d’une évolution à l’anglaise où Jérémy Corbyn, le Mélanchon anglais, a pris les rênes du Labour…
Marine Le Pen poursuit son O.P.A. sur le mot « patriotisme », l’U.M.P. sur le mot « républicain », l’un et l’autre brouillent les messages tandis qu’à gauche s’évaporent les promesses de « Moi Président ».
Dans cette perte de sens de l’action publique le repli nationaliste, le racisme et la xénophobie progressent et les électeurs se détournent des urnes…
Dans ce contexte, les élections régionales risquent de n’être qu’une étape supplémentaire de la dislocation du paysage politique français et de notre démocratie.
Et quand le sursaut ?
Illustration @Plantu, @Jean Tinguely