Ils étaient une vingtaine pour briser à coups de masse la vitrine de la permanence du Député Romain Grau ; ils n’ont pas hésité alors que le Député était à l’intérieur, à verser de l’essence et y mettre le feu ; sans la vigilance des voisins, l’immeuble aurait pu s’embraser…
Ils étaient une vingtaine en gilet jaune et trois ou quatre de noir vêtus (Black-blocs) et personne de la manifestation n’est intervenu pour s’opposer ou pour le moins crier « Non ! Pas ça ! ».
À Perpignan, samedi, ville choisie pour un rassemblement qui se voulait de dimension nationale (ils étaient quelques centaines), la violence adossée au mouvement des gilets jaunes a franchi une étape : conscient ou pas, consentant ou pas, à Perpignan le mouvement a ouvert la voie à des actes qu’il faut qualifier de criminels envers la représentation parlementaire.
J’ai lu les commentaires de la classe politique et de quelques gilets jaunes modérés. Je ne suis pas sûr que tous aient pris la mesure de la gravité de ce qui s’est passé : à ma connaissance Marine Le Pen n’a pas encore réagi et le communiqué de Louis Aliot relève du « service minimum » ; le Député Alexis Corbière de la France Insoumise parle sur BFM TV de « braves gens poussés à la violence »…
Je me souviens en cet instant des discussions avec mon père qui avait vécu enfant à Livourne, en Italie, la fureur des Chemises Noires de Mussolini mettant à feu et à sac les permanences des élus, et même le Consulat de France qui était sous la responsabilité de mon grand-père.
Cet évènement l’avait marqué pour toujours et il m’expliquait que cette violence-là, était contagieuse et avait atteint la France à travers ses partis d’extrême droite…
Certes, l’histoire ne se répète pas… mais elle bégaie :
La violence déversée à large flots sur les réseaux sociaux, le choc des images sur nos écrans chaque samedi, la multitude des fake news ( cf Louis Aliot, sur son blog dénonçant une émeute le soir de la victoire de l’Algérie sur le Ghana qui aurait provoqué l’incendie de plusieurs véhicules rue rempart Villeneuve, fake news révélée par l’Indépendant) et maintenant l’incendie criminel sur la permanence de Romain Grau, tous ces faits s’additionnent et créent un climat si lourd que personne ne peut prédire sur quelle tempête il débouchera…
Le mouvement des Gilets Jaunes, au départ lancé sur des revendications légitimes, puis rapidement débordé par les Black-blocs, marginalisé électoralement en mai lors du scrutin des européennes saura-t-il éviter cette lente dérive vers une radicalisation incontrôlable ? Saura-t-il trouver le chemin d’un mouvement social responsable et organisé ?
Gilets jaunes ou chemises noires…
Crédit photo de l’image de UNE MadeInPerpignan