laurent henard udi mars

Ami, dis-moi : le Centre ce n’est pas la Droite n’est-ce pas ?

Avec un peu de recul je repense au dernier Congrès de l’U.D.I. tenu à Versailles par un dimanche gris à mourir, à quelques pas de la célèbre salle du « serment du jeu de paume » ; on était loin de l’enthousiasme de la nuit du 20 juin 1789 !

Il faut dire que la question posée lors du Congrès était passionnante et soulevait les foules !

Il s’agissait de savoir si le Centre (l’UDI ) allait participer aux primaires organisées par la Droite (Les Républicains, ex UMP ) ; en d’autres termes le Centre est-il un groupuscule de la Droite, une sorte de supplétif pour les joutes électorales ou peut-il aujourd’hui affirmer son indépendance et sa capacité à proposer aux français une offre politique nouvelle comme l’ont fait en Espagne Ciutadans et Podémos ?

Malgré les apparences la question est restée ouverte…

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Jean-Christophe Lagarde, Président UDI

Certes, deux tiers des militants qui se sont exprimés ont voté contre la participation aux primaires de la Droite mais à y bien regarder, derrière les discours unanimes à saluer ce résultat apparemment clair, les ambiguïtés demeurent sur l’avenir d’un Centre identifié indépendant de la droite.

Analysons de plus près ces résultats et ces débats.

laurent henard udi mars
Laurent Henard, congrès UDI

Notons tout d’abord qu’un tiers a accepté de participer aux primaires sans poser la moindre condition ; pour ceux-là le i de UDI est un i minuscule…A moins que par anti-sarkosisme primaire ils veuillent par là barrer la route de notre ancien Président quitte à sacrifier l’indépendance durement conquise de leur parti…

Mais ils n’étaient pas les seuls à vouloir effacer les frontières : une écoute attentive d’Hervé Morin laissait à penser qu’il aurait suffi de quelques promesses de l’ami Nicolas pour qu’il bascule dans le camp des partisans de la participation aux primaires.

Quant aux autres, derrière le Président J.C. Lagarde, leur opposition à la primaire était suspendue à un accord de législature et notamment d’investitures et ils n’excluaient pas un nouveau vote si cet accord intervenait ; mais que peut valoir un tel accord avec des candidats putatifs ? Que pèsera-t-il au lendemain des présidentielles ? Sans aucun doute : pas lourd…

Ce Congrès me fait penser à la recette du Picon citron expliquée par César à Marius dans le célèbre film de Marcel Pagnol :

Il y avait un tiers pour renier l’indépendance du Centre et accepter la primaire sans conditions, un petit tiers pour se faire un peu prier, un gros tiers pour poser des conditions et …un quatrième tiers dont je fais partie qui voulait un refus clair et définitif pour affirmer que le Centre n’est pas la Droite et de moins en moins !

Un Congrès pour rien ou plutôt qui a démontré une fois de plus l’incapacité chronique du Centre à prendre le risque de l’indépendance alors qu’il est porteur d’une espérance, l’Europe plus forte, la laïcité exigeante, la volonté du développement durable, qui peut et doit parler à la jeunesse en quête d’idéal.

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« Cuidadanos » parti politique espagnol

Pourtant le matin une jeune femme récemment élue aux Cortes de Madrid sous la bannière des « Ciutadans »¨ portait témoignage que ce Centre européen, démocrate, social, réformiste, écologiste pouvait sortir de l’ombre, s’affirmer et devenir, en deux ans à peine, une force de gouvernement incontournable !

Mais au Nord des Pyrénées le monde politique se reproduit à l’identique et se fige : Sarkozy, Bayrou, Hollande, Mélanchon, Dupont-Aignan, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud etc. exactement les mêmes en 2017 qu’en 2012 ? Et on voudrait que nos concitoyens, notamment les plus jeunes, trouvent le chemin des urnes ?

D’où le changement viendra-t-il et quand viendra-t-il ?